Département de Philosophie Collège Limoilou 
 
 

Introduction à la philosophie. 340-103. Aut. 98. P.

Texte de P. Mouterde.
Quelques caractéristiques du mythe et de l'approche religieuse
 
A) Le mythe (Voir J.P. Vernant, Mircea Eliade)
Définition : est-ce une histoire stupide un conte de fée pour endormir les enfants ?
Essai d'interprétation d'événements. Tentative extrêmement riche Récit oral et collectif qui offre une première interprétation (explication) des choses, et qui ainsi assure la cohésion, la cohérence d'un groupe donné, en s'affirmant comme vrai, en répondant à des questions que dans une société donnée tout le monde se pose. Particulièrement s'intéresse à la question des origines : comment le monde est venu à l'existence, pourquoi y-a-t'il un ordre, plutôt que du désordre, etc ?
 
Fonction : fournit des savoirs, des savoirs faire, des savoirs être (manuel p. 41) Donne un sens, une interprétation générale, apporte des réponses à des questions angoissantes. Assure, réorganise l'existence (ex de la prière au sommet du Santa-Maria, l'homme qui parle de Vargas Llosa, et les Machiguengas de l'Amazonie).
 
Caractéristiques : a) Le monde (à expliquer) est humanisé, vu comme une généalogie, résultat d'un enfantement ou d'une création. On prête au monde des attributs humains (Gaia la déesse terre engendre à partir d'elle même Pontos (les flots salés) et s'accouple avec Ouranos pour donner naissances aux Titans, premiers maîtres du ciel qui se rebellent contre Ouranos, tout en donnant naissance aux Olympiens. D'où combat entre les Titans et les olympiens.. pour mettre en place un ordre... Zeus lutte pour la souveraineté contre Typhon, dragon aux 1000 voix, puissance de la confusion et du désordre. Zeus tue le monstre dont le cadavre donne naissance aux vents qui soufflent dans l'espace séparant le ciel et la terre. Puis pressés par les Dieux de prendre le pouvoir et le trône des immortels, Zeus répartit entre eux les honneurs : A Zeus le ciel éthéré, à Hadès l'ombre brumeuse, à Poseidon la mer... à tous trois en commun la terre (Gaia là où vivent et meurent les hommes (JP. Vernant) b) Les phénomènes naturels sont expliqués par l'intervention du surnaturel (voir Ulysse, etc); c) confusion, identification entre le plan des hommes, celui des dieux et celui de la nature (Voir à Babylone Tigre et Euphrate (-2500-500) le mythe de Marduk et Tiamat : La victoire du dieu Marduk sur Tiamat, monstre femelle, incarnant les puissances du désordre, le retour de l'informe et du chaos. Proclamé roi des Dieux, Marduk tue Tiamat avec l'aide des vents qui s'engouffrent à l'intérieur du monstre. La bête morte, Marduk l'ouvre en deux comme une huitre, en jette une moitié en l'air et l'immobilise pour former le ciel. Il règle alors la place et le mouvement des astres, fixe l'année et les mois, crée la race humaine, rétablit les principes et les destins. Le roi est au centre du monde comme il est au centre de son peuple. Chaque année il répète l'exploit accompli par Marduk et que célèbre un mythe chanté le 4 ième jour des cérémonies (la puissance divine se concentre dans celle du ro, et la mise en ordre du monde et celle des saisons (le cycle régulier) apparaissent intégrés à l'activité royale.
d) Le type d'explication est oral (fragilité, risque de se perdre) transmis raconté par des Aèdes (poètes). savoir qualitatif, fait d'images, savoir totalisant, qui apporte des réponses plus que des questions.
e) Correspond à un type de société aristocratique ou théocratique.
Questions aujourd'hui : quels sont nos mythes (le discours de la science ne peut-il pas fonctionner comme un mythe ? ? En avons-nous, comment fonctionnent-ils, etc ?
 
B) La religion (Roger Caillois).
Un point de départ (des distinctions) : Agnostique, athée, théiste, croyant pratiquant et non pratiquant.
Une distinction de base : Foi (croyance individuelle, non vérifiée, non soumise à l'esprit d'examen, à l'administration de la preuve, provient d'une révélation qui fait autorité) et religion (dimension collective et ritualisée d'une croyance paartagée).
Caractéristiques : implique toujours deux mondes dont il faut codifier les rapports : le profane et le sacré. La religion comme administration du sacré.
Le profane : activité libre, pas de conséquence pour le salut de l'âme, mais touche à la personne superficielle.
Le sacré : suscite la crainte et l'espoir, implique une dépendance intime, un compromis sans réserve de sa personne, existence d'un sentiment de respect qui prémunit la foi contre l'esprit d'examen.
Les caractères du sacré : c'est une qualité que les choses ne possèdent pas en elles-mêmes; la chose consacrée ne change pas d'apparence, mais est changée du tout au tout, se présente comme un interdit (quelque chose dont on n'approche pas sans mourir); doit être protégé du profane); sacré toujours supérieur au profane
 
L'essentiel (du sacré) précède l'existence (du profane). (l'essentiel est raconté par les mythes).
 
<Retour